Le village de Bourget s’est réveillé sous le choc jeudi matin. Un agent de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) y a été tué par balle et deux de ses collègues ont été blessés, eux aussi par balle, lors d’une intervention qui aurait tourné en «embuscade» au milieu de la nuit.
Charles Fontaine
IJL – Réseau.Presse –Le Droit
Le sergent mort en service s’appelait Eric Mueller, a confirmé la PPO. Il était âgé de 42 ans.
Peu après 2h, les policiers du détachement du comté de Russell ont été appelés à se rendre à une résidence de la rue Laval, au cœur de Bourget, un village majoritairement francophone à une cinquantaine de kilomètres d’Ottawa. Un citoyen venait de signaler des coups de feu, a fait savoir la PPO, tôt jeudi matin.
Arrivés sur place, les trois agents auraient rapidement été ciblés par un individu armé, puis tous atteints par balle, avant d’être transportés d’urgence à l’Hôpital d’Ottawa où la mort du sergent Eric Mueller a été confirmée.
L’un des agents transportés à l’hôpital d’Ottawa, âgé de 35 ans, a reçu son congé de l’établissement «et récupère à la maison», a déclaré le commissaire de la PPO, Thomas Carrique, lors d’une première conférence de presse tenue jeudi à 13h30, à Kanata.
L’autre agent transporté à l’hôpital y était toujours en début d’après-midi. Le policier, âgé de 43 ans, est dans un état de santé critique, mais stable, selon le commissaire Carrique.
La PPO n’a pas dévoilé les noms des deux policiers blessés.
Suspect arrêté
«Un homme de 39 ans a été arrêté et placé en garde à vue sans autre incident», a affirmé le commissaire, Thomas Carrique, qui estime que les trois agents ont été victimes d’une embuscade.
Des documents déposés à la cour indiquent que le suspect dans le dossier est un dénommé Alain Bellefeuille. Il fait face à trois chefs d’accusation, soit un chef d’accusation de meurtre au premier degré et deux chefs d’accusation de tentative de meurtre. La PPO a confirmé le dépôt de ces accusations jeudi soir.
Bellefeuille a comparu par visioconférence jeudi après-midi. Il doit comparaître de nouveau le 18 mai prochain, aussi par visioconférence.
L’homme n’était pas connu des services policiers, selon M. Carrique.
Le suspect n’a subi aucune blessure, indique la PPO. Ce sont d’autres agents, arrivés sur les lieux à la suite de la fusillade, qui auraient menotté le suspect.
Les forces de l’ordre n’étaient pas en mesure de confirmer, jeudi après-midi, s’il y avait effectivement eu des coups de feu avant l’arrivée des trois agents policiers.
Le commissaire Carrique a dit comprendre que la résidence appartenait au suspect.
Un large périmètre pour sécuriser la scène a été mis en place et une portion de la rue Laval est fermée à Bourget, entre le chemin Champlain et le chemin Labelle.
«Glue»
La PPO a affirmé que ce n’était pas la première fois qu’Eric Mueller était gravement blessé dans l’exercice de ses fonctions.
Il était membre de la PPO depuis 2006.
L’inspectrice Anne-Christine Gauthier, présente lors du point de presse, a soutenu que ses collègues le surnommaient «glue», «parce qu’il était la colle qui tenait tout le monde ensemble».
Le point de presse à Kanata a été tenu plus de 10 heures suivant l’incident. Kanata est à plus de 70 kilomètres de Bourget, dans l’ouest d’Ottawa. La PPO n’a pas expliqué pourquoi elle a voulu mettre la population à jour à un endroit aussi éloigné des lieux du drame.
Le Service de police d’Ottawa a été appelé en renfort et l’enquête se poursuit.
La communauté de Bourget en deuil
Les drapeaux sont en berne dans la cité de Clarence-Rockland où se trouve Bourget.
«C’est un choc, je suis traumatisé, a affirmé au Droit le maire de Clarence-Rockland, Mario Zanth. C’est sûr qu’on ne s’attend pas à ce que ça se passe ici. Mais que ça arrive en plein milieu de l’Ontario ou ailleurs, la peine est la même.»
Mario Zanth admet ne jamais avoir «vécu un crime du genre comme maire», et offre ses «plus sincères condoléances à la famille ainsi qu’aux confrères et consœurs de cet officier».
ll prévoit se rendre sur les lieux du drame avec la conseillère municipale Diane Choinière à la suite de l’enquête policière, et conseille aux citoyens d’appeler au service 211 s’ils sentent le besoin d’avoir accès à des ressources en santé mentale.
En plein cœur des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR), Bourget porte son nom en l’honneur d’Ignace Bourget, qui était évêque de Montréal au 19e siècle.
Ce n’est donc pas une coïncidence si ce village comporte une forte population de francophones, dans une région où les deux tiers de la communauté parlent français.
Déménagée depuis un mois à Bourget, Véronique Poirier Labadie espérait pouvoir jouir de la tranquillité de ce petit coin rural. Elle peinait à retenir ses larmes en livrant son témoignage au Droit au sujet du drame. Elle remerciait le policier pour «le sacrifice de sa vie».
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