Le Festival de la Curd a été mis dans une chambre froide avec la pandémie.
Charles FontaineIJL – Réseau.Presse –Le Droit
Il n’a cependant pas pu être apprécié comme un cheddar vieilli jusqu’à maintenant. Depuis 1993, le Festival de la Curd se veut un événement culturel incontournable dans la région. Le dernier souvenir du festival extérieur remonte à 2019. Pour le 125e anniversaire de la Fromagerie St-Albert, cette année-là, les Cowboys Fringants sont débarqués au village.
«C’était vraiment spécial, affirme le directeur général de la Fromagerie St-Albert, Éric Lafontaine. La foule était dedans. Je me rappelle aussi le spectacle de Jean-Marc Parent [en 2016]. On a failli le mettre dehors pour qu’il finisse son show! Il était 23h30 et il faisait jouer du ACDC.»
La communauté de St-Albert et des alentours n’ont pas vécu ce genre de spectacle depuis bientôt quatre ans.
La pandémie a forcé le Groupe Simoncic, organisateur de l’événement, à mettre le festival sur pause en 2020 et 2021.
La dernière édition s’est déroulée sur quatre fins de semaine distantes, entre novembre 2022 et mars 2023. Les spectacles avaient lieu à l’intérieur au Centre communautaire St-Albert, avec moins de spectateurs, donc une formule plus intime.
Manque de personnel et construction
Chose certaine, le festival ne peut avoir lieu dans sa formule classique avec 3000 personnes sur le site de la fromagerie en 2023, tranche le directeur général du Groupe Simoncic, Pierre Fortier.
La fromagerie entame l’agrandissement de son entrepôt en juillet et espère que la construction soit terminée à l’hiver 2024. L’événement ne peut donc pas avoir lieu sur le site de la fromagerie, comme c’est le cas depuis sa création.
Le manque de main-d’œuvre est un lourd fardeau que doit porter Éric Lafontaine. «Notre restaurant est seulement ouvert la fin de semaine parce qu’on manque d’employés. Penses-tu qu’on serait capable de servir 3000 personnes une journée du festival? Impossible. Tout le monde me dit également qu’il y a un manque de bénévoles dans les événements.»
Cette année, la fromagerie est demeurée le plus important commanditaire du festival, même si les spectacles n’ont pas eu lieu sur son site. Outre fournir un sac de fromage en grains à chaque festivalier, sa contribution était minime.
«C’est tellement exigeant de préparer une fin de semaine de festival, rappelle Éric Lafontaine. Il faut contrôler l’accès au site, les permis d’alcool, on est à la merci de la météo, etc.»
Au cours des éditions passées, le festival pouvait accueillir plus de 15 000 personnes durant la fin de semaine et produire jusqu’à quatre tonnes de fromages en grains.
Garder le festival en vie
Pierre Fortier est somme toute satisfait de la formule offerte en 2022-2023 pour continuer la tradition du festival.
«C’est sûr que l’ambiance n’est pas la même au centre communautaire. On a reçu de bons commentaires. Messmer était notre hit et j’ai vu des jeunes capoter en voyant Jay Scott sur scène. On était beaucoup plus proche des artistes, donc c’était plus intime. Mais plusieurs m’ont dit qu’il n’était pas au courant que le festival avait lieu.»
En raison de la situation de la fromagerie, le Groupe Simoncic est en réflexion par rapport à la direction du festival. M. Fortier assure toutefois qu’il souhaite garder le rendez-vous annuel en vie.
«On doit s’arrêter et voir la manière dont on peut organiser un festival qui est important pour la communauté, sans nuire à la fromagerie, explique M. Fortier. C’est sûr qu’on préfère avoir un gros party avec 3000 personnes. Mais quand? C’est à voir. Il y beaucoup de choses à regarder, comme nos bailleurs de fonds et nos commanditaires.»
Le festival est également une occasion en or pour la fromagerie de se faire connaître et d’enfiler les ventes.
«Avant et après le festival, les ventes augmentent grandement en raison de la publicité entourant le festival, relève M. Lafontaine. En situation avec plus de main-d’œuvre, c’est sûr qu’on veut continuer le festival. Mais en tant qu’entreprise, il vient un moment où l’on doit faire des choix. Je sens que la lancée du festival est en chute.»
Sans rien promettre, Pierre Fortier croit qu’un événement sous le nom du Festival de la Curd pourrait avoir lieu en 2023. La formule, il ne la connaît pas. 2024? Trop loin pour y songer.
Crédit photo : (Martin Roy, Archives Le Droit)