Clarence-Rockland : '' On est une belle communauté francophone, on mérite une école secondaire''

03 avril 2024 - 09:16

À Clarence-Rockland, seul un établissement secondaire public accueille les élèves francophones. Depuis 2013, le Conseil des écoles publiques de lEst de lOntario (CEPEO) sollicite le gouvernement pour en ajouter une deuxième afin de répondre à la demande grandissante. Pendant ce temps, des amitiés sont déchirées et des élèves doivent voyager près de deux heures chaque jour pour aller à l’école pour étudier dans leur langue maternelle.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

 Le besoin dune nouvelle école secondaire publique francophone se ressent depuis longtemps à la Cité de Clarence-Rockland. Le CEPEO a présenté le projet au ministère de l’Éducation de lOntario à sept reprises depuis 11 ans. En 2019, le conseil a même acheté un terrain adjacent à lAréna Clarence-Rockland avec lintention dy construire une nouvelle école.

 Toutefois, lattente continue.

 Les francophones de Rockland et des environs doivent alors choisir denvoyer leurs enfants dans un établissement qui mélange les niveaux primaires et secondaires; dans une école francophone catholique ou de voyager sur de longues distances pour aller apprendre leurs notions à Orléans.

 Face à la croissance incessante de la population à Rockland, le CEPEO a ajouté des classes de niveau secondaire à l’École élémentaire et secondaire publique Carrefour Jeunesse en 2021.

 Kayla Lachance pourrait faire partie de la première cohorte de finissants de l’établissement. Pour le moment, ils ne sont que trois élèves en 9e année. Ses amies du primaire, elles, sont parties à l’école à Orléans. Certaines familles ont carrément déménagé dans cette banlieue dOttawa.

 «Mes amies me manquent, mais en même temps ça ne me tente pas de passer 1h30 dans lautobus chaque jour», signale-t-elle lorsque rencontrée par Le Droit.

 «Ça déchire des relations denfance, ajoute sa mère Jennifer Lachance. Notre plus jeune est en 6e année et elle se désole de perdre des amis qui vont déménager à Orléans. On est une belle communauté francophone, on mérite une école secondaire.»

 Revendications

 Mère de deux enfants, Lindsay Doucet a choisi de sinvestir à titre de présidente du conseil des parents de l’École élémentaire et secondaire publique Carrefour Jeunesse afin de rallier les parents envers cette cause.

 «Les décideurs doivent comprendre le besoin de nos enfants de pouvoir poursuivre leur éducation en français au sein de leur communauté, soutient-elle. Le nombre d’écoles et leur capacité ne suivent pas le rythme de la croissance de la population.»

 Daprès ses discussions avec de nombreux parents, dit-elle, leurs enfants niraient pas à une école dOrléans sil y avait une école secondaire publique à Rockland.

 «Je crois que si on demandait une école anglophone, le processus serait plus rapide», croit le père de Kayla, Paul Lachance.

 Le couple Lachance prévoit aussi sengager au sein du conseil des parents lan prochain. La cause dune nouvelle école leur tient à cœur, dautant plus que leur plus jeune entamera bientôt son secondaire.

 «Le rôle dun conseil de parent ne serait pas censé revendiquer pour une nouvelle école, dit Lindsey Doucet. Lancienne présidente a déménagé à Orléans pour que sa fille soit au secondaire là-bas.»

 Sa fille va justement bientôt sinscrire à l’École secondaire publique Gisèle-Lalonde à Orléans.

 «Si elle est malade pendant la journée, je dois me rendre à Orléans», ajoute-t-elle.

 Ce problème ne touche pas que les gens de Clarence-Rockland. Situés en plein centre entre Orléans et Hawkesbury, où se situent les écoles secondaires publiques francophones, les parents du village de Wendover doivent aussi choisir où envoyer leurs enfants.

 Lexpérience du secondaire

 Éva Carlson-Graves a longtemps rêvé de lexpérience de l’école secondaire où les corridors sont bondés d’élèves, où les gradins sont remplis pour encourager une équipe sportive et où lon peut participer à une foule dactivités parascolaires. Avec 14 élèves dans sa cohorte de la 7e année à l’école Carrefour-Jeunesse, elle sentait quelle allait manquer le bateau.

 «Je voulais aussi quelle soit prête pour luniversité où il y a des milliers d’élèves», mentionne sa mère Cécile Kabek.

 Le trajet de 45 minutes dautobus pour aller à l’école ne la lasse pas. Elle côtoie encore deux de ses amies du primaire, mais elle en a aussi perdu plusieurs vu la grandeur de l’école. Elle suit des cours de clarinette et de cuisine avec ses amies les soirs de semaine. Ces activités ne sont pas offertes à Carrefour-Jeunesse, tout comme les sports parascolaires.

 Lueur despoir

 Le conseiller scolaire du CEPEO pour ce secteur, Pierre Tessier, est optimiste quant à la construction dune nouvelle école dans les prochaines années.

 «Cest la priorité du conseil des trois dernières années, rappelle-t-il. La population augmente dans les alentours, il y a plus denfants, mais il ny a pas plus d’écoles.»

 Le conseil demande au gouvernement de financer la construction dune école qui pourrait accueillir de 450 à 500 élèves.

 Dans le budget de lOntario présenté mercredi dernier, aucun engagement financier na été pris par le gouvernement Ford pour aménager une nouvelle école à Clarence-Rockland. Le maire de la municipalité ne baisse toutefois pas les bras.

 «Celles qui ont été annoncées étaient prévues depuis longtemps, dit Mario Zanth. Les fonds de 23 milliards pour la construction d’écoles me disent que la liste nest pas finale. La croissance est majoritairement francophone et on a besoin dune nouvelle école.»

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(Crédit/Photo : Charles Fontaine/Le droit)