Ottawa : des organismes francophones toujours dans la précarité

L’inquiétude règne auprès des membres de la communauté francophone à Ottawa. Les organismes dans la capitale nationale et dans toute la province sont toujours sous-financés, malgré les dernières annonces de financement dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles.

Chantallya Louis, IJL - Réseau.Presse - Le Droit

«Ça fait deux ans que je lance le message haut et fort à Patrimoine Canada, que nos organisations communautaires souffrent de sous financement», se désole le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert.

Dans son dernier rapport, publié la semaine dernière, le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge soutient que le financement prévu dans le Plan d’action est en deçà des besoins des organismes francophones.

«Divers organismes communautaires ont signalé des retards inquiétants quant aux délais de versement des fonds prévus dans le cadre des différentes initiatives du Plan d’action, certaines enveloppes ayant déjà plus d’un an de retard», peut-on lire dans le rapport intitulé Un avenir en commun: regard sur nos communautés de langue officielle en situation minoritaire.

Selon Fabien Hébert, l’Ontario représente près de 53 % de la communauté francophone hors Québec, mais ils ne reçoivent que 17 % du financement attribué aux organismes communautaires dans le Plan d’action.

«Ce qu’on déplore, c’est qu’il y a clairement une problématique au niveau de la distribution», ajoute-t-il.

Toutefois, l’attaché de presse Mathis Denis, du ministre des Langues officielles et l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre, Randy Boissonnault soutient que le Plan d’action2023-2028 représente un investissement de 62,5 millions de dollars sur cinq ans pour bonifier le financement de base des organismes communautaires.

«Pour la première année de mise en œuvre, 87 organismes ontariens ont reçu la part la plus importante de l’enveloppe, soit plus de 726 000 $ sur un total de 4,5 millions. Des 87 organismes situés en Ontario, 21 sont situés dans la région d’Ottawa», a-t-il dit par le biais d’une déclaration écrite.

Réévaluer le financement

Dans son rapport de près d’une vingtaine de pages, le commissaire aux langues officielles, Raymond, Théberge demande au gouvernement fédéral de réévaluer son approche «quant au versement des sommes rattachées au Plan d’action afin d’optimiser la distribution des fonds et ainsi d’éviter de voir plusieurs de ces organismes davantage fragilisés».

Fabien Hébert abonde dans le même sens. «Les organismes vont lentement s’éteindre. Ils n’auront plus la capacité d’offrir les services à la communauté qu’ils desservent».

D’ailleurs, dans l’optique de supporter les nouvelles cibles en immigration pour rétablir le poids démographique de la francophonie au Canada, Fabien Hébert suggère que le fédéral assure un financement adéquat afin d’aider les organismes qui ont un rôle à jouer dans le processus d’immigration des francophones.

En novembre 2024, le ministre de l‘Immigration, Réfugiés, Citoyenneté Canada, Marc Miller avait annoncé vouloir atteindre une cible progressive allant de 6 %, en 2024, à 8 % en 2026 en ce qui a trait à l’immigration francophone.

«On va faire la promotion de l’immigration en français au Canada et ces gens-là vont passer dans les systèmes anglophones parce qu’ils vont être mieux financés. Donc on va faillir à la tâche de travailler à augmenter la proportion de la communauté francophone au Canada», déplore Fabien Hébert.

De son côté, le ministre Randy Boissonnault dit accueillir favorablement le rapport du commissaire aux langues et prend en considération les dernières observations émises par Raymond Théberge.

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(Photo : Guillermo Toloza/GOFM)