Avenir incertain pour le centre culturel de Hawkesbury

Avenir incertain pour le centre culturel de Hawkesbury

Le Centre culturel Le Chenail, pôle de la culture de la ville de Hawkesbury, pourrait cesser ses activités après 2025.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

 

Après un an et demi de demandes de renouvellement de bail de la part de lorganisme, seul un prolongement dun an a été accordé par la Ville. Le 15 décembre dernier, les parties se sont rencontrées et lentente de dix ans, qui venait à échéance le 30 avril 2024, a été prolongée seulement dun an. Cependant, dans le monde du spectacle, les programmations se décident parfois deux à trois ans à lavance, rappelle-t-on.

 

«Ça fait un an que mon calendrier pour la saison 2024-2025 est rempli, souligne la directrice générale du Chenail, Lynda Clouette-Mackay.

 

Une prolongation dun an nest donc pas suffisante, dit-elle. Non seulement pour la planification des activités, mais également pour obtenir des subventions, qui nécessitent un bail de dix ans.

 

La présente entente stipule que le Chenail ne paie pas pour le loyer de la Maison de l’Île, qui appartient à la Ville. Toutefois, étant donné que les toilettes et les lampadaires de l’île sont reliés aux panneaux électriques de la maison, lorganisme verse 20% des coûts d’énergie à la Ville.

 

«Le centre ne coûte quasiment rien à la Ville, ajoute celle qui a 35 ans dexpérience dans la programmation de spectacles. De notre côté, on ne fait rien sans le dire à la Ville. On remplit notre mandat à 150%.»

 

Culture oubliée?

 

Le centre culturel, ouvert quasiment tous les jours de lannée, offre une programmation touchant autant le cinéma, la musique, lart visuel et le théâtre. Il abrite même les spectacles de lorchestre symphonique de Hawkesbury.

 

Le budget annuel du Chenail s’élève à 200 000$ en moyenne par année pour les divers événements présentés. Avec seulement un prolongement de bail dun an, Mme Clouette-Mackay se sent délaissée par la Ville.

 

«Je trouve dommage quen tant que gestionnaire dun OBNL qui fait partie de la Ville, on ne nous prenne pas au sérieux. Nous sommes une entreprise de développement social et un moteur pour l’économie.»

 

Lunique centre culturel de la ville (et son théâtre) accueille en moyenne 15 000 personnes par an.

 

«Notre mission est de faire découvrir des artistes, renchérit la directrice. Cest un lieu de rencontre et d’échange, surtout avec la vague dimmigration que nous connaissons. Cest souvent le premier lieu où les nouveaux arrivants se rencontrent, avant laréna.»

 

Préoccupée par la situation depuis plusieurs mois, Mme Clouette-Mackay a demandé à de nombreuses reprises de rencontrer la Ville pour arriver à un terrain dentente.

 

«Jai même écrit un bail complet avec des propositions, avance-t-elle. Ce nest pas vrai quon va me pousser un mois à la fois. Je ne peux pas renouveler un bail de dix ans à minuit moins cinq.»

 

Relation tendue

 

Ce nest pas la première anicroche entre le centre culturel et la Ville dans les dernières années. En 2015, la Ville avait déposé une requête à la Cour supérieure de lOntario pour obliger le Centre culturel Le Chenail à quitter la Maison de l’île.

 

La Ville soutenait que lorganisme culturel ne respectait pas une disposition du bail en ne limitant pas ses activités au deuxième étage.

 

Après un conflit qui a perduré plus dun an devant les tribunaux, lorganisme lavait emporté, à la suite des plaidoyers de lavocat francophone Ronald Caza. Les activités culturelles avaient cependant été suspendues pendant les audiences.

 

En 2017, la Ville s’était opposée à certaines rénovations de la Maison de l’Île entamée par lorganisme. Les travaux dans l’édifice de 185 ans ont finalement été effectués.

 

«On a investi beaucoup de fonds privés pour rénover la maison, son état était catastrophique», rappelle la directrice.

 

Elle est rassurée de pouvoir célébrer le 50e anniversaire du Chenail lan prochain, mais reste «dans le néant» pour la suite.

 

Lorganisme espère une rencontre avec la Ville au mois de janvier.

 

De son côté, le maire Robert Lefebvre na pas voulu commenter. Il soutient que cet enjeu est discuté à huis clos.

                                                                                                                                           

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